Le meilleur compromis
Une quarantaine de scientifiques et d’ingénieurs français, allemands et japonais se sont réunis ce mardi 14 août 2018 au CNES de Toulouse pour identifier le meilleur endroit où poser Mascot sur l’astéroïde Ryugu. Le petit atterrisseur de 10 kg doit, en effet, être largué au début du mois d’octobre par la sonde japonaise Hayabusa2 à plus de 300 millions de km de la Terre. Le plus grand défi a été de satisfaire les critères techniques et scientifiques des 4 instruments embarqués : le microscope infrarouge MicrOmega, la caméra multispectrale MASCAM, le magnétomètre MasMag et le radiomètre MARA.
Représentation planisphère des 10 sites d’atterrissage de Mascot pré-sélectionnés et présentés par le CNES lors la réunion du 14/08 à Toulouse (zones de probabilité du 1er contact en bleu clair, zones de stabilisation après rebonds en bleu foncé). Les numéros de ces sites sont des références, ils ne sont pas classés par ordre de préférence. Crédits : CNES.
Le temps accordé aux discussions a été très court...
Choisir parmi une dizaine de sites d’atterrissage pré-sélectionnés par le CNES n’a pas été simple. Il a fallu trouver le meilleur compromis. « Le temps accordé aux discussions a été très court, explique Aurélie Moussi-Soffys, chef de projet Mascot au CNES. Bien-sûr les scientifiques entre eux n’ont pas les mêmes intérêts car les 4 instruments de Mascot vont analyser des choses bien différentes. Il a donc fallu d’abord trouver un compromis scientifique qui soit, ensuite, compatible avec les exigences des ingénieurs pour la sécurité de la mission. Tout cela, en quelques heures… Un vrai challenge ! »
Annonce des résultats le 23/08 au Japon
Un classement des sites possibles est établi ce mardi 14 août pour trouver la meilleure combinaison, entre le site où Mascot va étudier le sol et celui où Hayabusa va récolter ses premiers échantillons. Le site d’atterrissage de la mission Mascot sera ensuite sélectionné et officiellement annoncé lors d’une conférence de presse organisée par l’agence spatiale japonaise, JAXA, le 23/08 à Sagamihara, près de Tokyo, au Japon. Mascot devrait être largué sur Ryugu durant la 1re semaine du mois d’octobre mais il y a encore beaucoup d’incertitudes sur la façon dont va se comporter l’atterrisseur au moment du contact avec l’astéroïde : va-t-il rebondir ? Pendant combien de temps ? La batterie de Mascot ne pourra fonctionner que pendant 15h après le largage. Il convient donc d’optimiser la descente. C’est justement la spécialité du CNES dans cette aventure...
Les ingénieurs et scientifiques de la mission Hayabusa2/Mascot ont débattu pendant plusieurs heures, mardi 14/08/18 au CNES, pour classer les sites possibles d’atterrissage de Mascot sur l’astéroïde Ryugu. Crédits : CNES/JAXA/DLR/ Rémi Benoît, 2018.
Photographie de la surface de l'astéroïde Ryugu réalisée par la sonde Hayabusa2 à 6 km de distance fin juillet 2018. Crédits : JAXA, University of Tokyo, Kochi University, Rikkyo University, Nagoya University, Chiba Institute of Technology, Meiji University, University of Aizu, AIST.
Laurence lorda, responsable de l'équipe de mécanique spatiale, cnes
« Le rôle de notre équipe de mécanique spatiale, au CNES, est essentiel. Nous avons eu la responsabilité de proposer une pré-sélection de 10 sites d’atterrissage pour Mascot avec des calculs statistiques extrêmement poussés sur les trajectoires grâce à nos modèles numériques. Pour arriver à ce résultat, nous avons discuté avec nos partenaires allemands, notamment l’équipe « thermique » du DLR (l’agence spatiale allemande) qui maîtrise parfaitement les paramètres de température auxquels Mascot est très sensible. Au final, la trajectoire idéale de l’atterrissage est celle qui nous permettra de faire le maximum de science. Il faut pouvoir satisfaire tous les scientifiques du projet, trouver un consensus, dans des conditions de sécurité maximales pour la mission. C’est ce qu’on a réussi à obtenir au CNES aujourd’hui. Et puis il ne faut pas oublier que ce qu’on est en train de réaliser est exceptionnel, se poser sur un astéroïde et y faire des analyses au plus près de la surface. C’est une grande fierté ! » (Crédits photo : CNES/S. Charrier).
A propos de la mission Hayabusa2
Hayabusa2 est une mission de l'agence spatiale japonaise (JAXA) de retour d’échantillons de l’astéroïde Ryugu. L'atterrisseur franco-allemand MASCOT à bord de Hayabusa2 a été développé et construit par le Centre spatial allemand (DLR) en étroite collaboration avec le Centre national d'études spatiales (CNES). Les instruments scientifiques à bord de MASCOT ont été développés par le DLR, l'Institut d'Astrophysique Spatiale et l'Université Technique de Braunschweig. L'atterrisseur MASCOT et ses expériences sont exploités et contrôlés par DLR avec le soutien du CNES et en interaction constante avec JAXA.